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Mois : avril 2015

La nouvelle réforme des programmes scolaires prévoit d’apprendre à coder à l’école

La nouvelle réforme des programmes scolaires prévoit d’apprendre à coder à l’école

Le 13 avril 2015, le ministère de l’Education nationale a publié les projets de programmes pour les élèves du CP à la troisième qui doivent entrer en vigueur pour la rentrée de 2016. Outre la nouveauté de l’élaboration de programmes par cycles de trois ans avec des objectifs de formations, il est question d’apprendre à coder à l’école.

Ce n’est pas une grande surprise puisque l’apprentissage de la programmation à l’école est une préoccupation du gouvernement depuis quelques années maintenant. L’Académie des Sciences, le Conseil National du Numériques et des hommes politiques sont favorables à l’apprentissage du code à l’école. Au contraire, certaines personnalités comme Linus Torvalds estiment qu’apprendre à coder à l’école devrait être une spécialité en dehors du tronc commun.

Ce projet de programme tranche la question puisque ce serait les professeurs de mathématiques qui auraient la charge d’apprendre à coder aux élèves à partir du CE1.

Le projet prévoir que « dès le CE1, les élèves peuvent coder des déplacements à l’aide d’un logiciel de programmation adapté, ce qui les amènera en fin de CE2 à la compréhension, et la production d’algorithmes simples ».

L’idée est de préparer progressivement les élèves à apprendre à coder à l’école dès le cycle 2 (CP, CE1, CE2). Le cycle 3 (CM1, CM2, 6ème) doit permettre au professeur de mathématiques d’apprendre aux élèves à utiliser des logiciels de calculs et d’initiation à la programmation.

En réalité, ce n’est qu’à compter du cycle 4 (5ème, 4ème, 3ème) que le code serait enseigné aux élèves. Les enseignants devront réaliser une introduction de l’algorithmique et de la programmation.

Durant ce cycle 4, l’objectif de l’Education nationale est de développer « l’enseignement du raisonnement, éclairer l’introduction du calcul algébrique et fournir un nouveau langage pour penser et communiquer.  » A la fin de la 3ème, les élèves devront être capable « d’analyser un problème complexe, définir des sous-problèmes, des étapes de résolution ainsi que de traduire un algorithme dans un langage de programmation. »

Concrètement, le projet de programme prévoit que les élèves pourront réaliser des exercices consistants à développer des petites applications ludiques comme une bataille navale, un pong, un tic tac toe, etc. Dans tous les cas, il est précisé que « la maîtrise d’un langage de programmation n’est toutefois pas un objectif du programme. » Il est avant tout question d’une ouverture d’esprit afin d’enseigner une méthode et une réflexion.

C’est un défi que je trouve intéressant et assez cohérent, maintenant il reste un travail de formation des professeurs de mathématiques à réaliser. Je pense que de nombreux professeurs seront heureux de cette évolution des programmes vers l’apprentissage du code. Pour le moment, ce ne sont que des projets de programmes et il va falloir attendre quelques mois pour voir les versions définitives. Néanmoins, on peut observer une tendance qui est récurrente comme l’a démontré l’appel « Culture de l’innovation et de l’entrepreneuriat » favorisant, notamment, l’émergence de solutions pour permettre l’apprentissage du code à l’école.

Illustrations Lou Pine

Entre programmation et créativité : Bret Victor, le visionnaire décalé

Entre programmation et créativité : Bret Victor, le visionnaire décalé

A première vue, Bret Victor semble être un type plutôt banal. Il n’a ni la gouaille ou l’assurance d’un Mark Zuckerberg, ni le côté businessman génial d’un Steve Jobs. Il passerait presque inaperçu. Lorsqu’on commence à regarder une de ses présentations d’une heure sur Youtube, on se dit qu’on risque de s’ennuyer un peu, même si on est intéressé par la programmation.

Et en une minute, tout est retourné… On se prend une claque conceptuelle en pleine figure, on est sonné et surtout on n’a pas envie d’en perdre une miette. Car Bret Victor est avant tout un visionnaire… et un visionnaire de la meilleure trempe… un visionnaire décalé.

Bret Victor, ancien interface designer chez Apple, considère tout ce qui l’entoure et l’intéresse, notamment ses domaines d’expertise – programmation et créativité – et les triture, les retourne dans tous les sens pour mieux s’interroger et ouvrir de nouvelles portes… et c’est totalement prenant de le voir entreprendre ce questionnement philosophique des choses.

J’en veux pour preuve deux vidéos fort inspirantes que je vous conseille de regarder au plus vite.

« Les créateurs ont besoin d’une connexion immédiate avec ce qu’ils sont en train de créer. »

Dans “Inventing on Pinciples” (Inventer selon des Principes), Bret Victor traite du sujet de la créativité en s’appuyant sur des exemples liés à la programmation mais pas que. Et sur un précepte essentiel : quel que soit votre domaine d’expertise, technicien, ingénieur, vous pouvez (même vous devez) avoir le sentiment de travailler pour une cause qui vous semble juste, de défendre un principe éthique auquel vous croyez. En gros, il y a de la morale dans tout ce que l’on fait, même quand on met les mains dans le cambouis.

Bret Victor illustre ce principe en citant son exemple personnel. Le principe auquel il croit fermement ? Lorsqu’on crée quelque chose, on devrait pouvoir voir immédiatement, sans délai, le résultat ou l’impact de ce que l’on a crée. Il prend d’abord pour exemple une page de code classique d’une image. Si l’on souhaite modifier un détail de l’image, il faut aller dans le code, modifier, sauvegarder, relancer avant de confirmer que le résultat est bien celui qu’on espérait. Et Bret Victor de demander : pourquoi ne pas pouvoir voir immédiatement le résultat de toute modification dans notre code? Je vous laisse regarder la vidéo pour découvrir ses idées qui permettraient de coder efficacement, en ayant un lien direct avec ce que l’on veut créer.

Il n’utilise pas que des exemples issus de la programmation, également des algorithmes mathématiques, des circuits électriques… Mais le principe fondateur reste le même, et franchement, plus il parle et plus on en est convaincu. Bret Victor se place constamment en porte-à-faux par rapport à ceux qui croient déjà “savoir ce qu’ils font” et qui à force de ne rien questionner, finissent par simplement stagner plutôt que créer.

“La pensée la plus dangereuse pour un créatif, c’est d’avoir la certitude qu’il sait ce qu’il fait. »

Dans “The Future of Programming” (L’Avenir de la Programmation), Bret Victor est également dans le décalage, mais cette fois temporel. Il utilise une pirouette élégante : arrivant sur la scène avec un vieux rétroprojecteur, il fera mine pendant toute sa présentation d’être en 1973 et de présenter les idées révolutionnaires des années 60 et 70 qui à coup sûr, seront totalement acquises d’ici 40 ans, c’est à dire … en 2013.

Pourquoi ? Pour mettre la « nouvelle génération » qui constitue son public devant ce qu’il nomme une « tragédie » : que de toutes les idées visionnaires nées dans les années 60, à l’époque ou la programmation n’était pas encore clairement définie, nombreuses ont été totalement oubliées. Et le futur qu’on imaginait serait le nôtre en 2014 n’a pas pris en compte les idées géniales du passé. Du coup, on code encore comme il y a 40 ans… on a stagné. Et pire encore : la nouvelle génération tient pour acquis que tout a été déjà réfléchi, que la programmation ça doit être comme ça. Ils ne sont pas bridés, ils sont juste aveugles…

Pour remédier à cela une bonne solution : écoutez ce que dit Bret Victor, essayez d’être inspirés par ce que vous faites et ne prenez jamais pour acquis les systèmes dans lesquels vous évoluez.

Si vous faites partie de la nouvelle génération de développeurs, concepteurs de jeux vidéos, ou autres experts IT, si vous manquez d’inspiration lorsque vous vous levez le matin, regardez ces deux vidéos… elles changeront peut être votre façon de travailler ou même votre vie !