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Mois : juillet 2014

Apprendre à coder, un espoir pour les réfugiés birmans ?

Apprendre à coder, un espoir pour les réfugiés birmans ?

L’équipe de Toxicode est fière de partager avec vous l’aventure humaine de l’un de nos membres, Pierre, actuellement en Thaïlande pour apprendre à coder à des réfugiés birmans. C’est un projet associant volontariat et apprentissage de la programmation auprès de réfugiés birmans.

D’où ce projet est-il né et que va-t-il se passer ?

Origine du projet

Tout a commencé lorsque j’ai partagé avec le reste de l’équipe mon expérience de volontariat en tant que prof d’anglais dans un camp de réfugiés birmans à la frontière de la Thaïlande. Mon récit a d’emblée piqué la curiosité de Pierre Usselmann, qui a voulu en savoir davantage et s’investir dans une action d’aide associant volontariat et apprentissage du code. Je l’ai d’abord mis en contact avec un de mes anciens élèves, réfugié vivant dans ce camp, qui souhaitait se former au code. Pierre l’a coaché à distance, en lui donnant des exercices simples à réaliser chaque semaine.

Suite au succès de cette première expérience, Pierre a souhaité aller plus loin. Il y a une semaine, il s’est envolé vers la Thaïlande, après avoir pris contacts avec plusieurs ONG locales. Parmi les 4 ONG qui sont rentrées en contacts avec nous, nous avons sélectionné celle qui respectait les pré-requis suivants : mise à disposition d’ordinateurs et d’un écran pour les cours, et pour les besoins personnels et professionnels de Pierre un logement et une connexion internet.

Concept du projet

L’idée de Pierre était simple : pourquoi ne pas pousser plus loin l’expérience et aller sur place mettre nos compétences au service de gens qui en ont réellement besoin ? Les réfugiés Birmans situés en Thaïlande semblent pouvoir bénéficier de notre aide pour apprendre à coder.

Pour expliquer brièvement l’histoire des camps de réfugiés birmans situés en Thaïlande, ils ont été progressivement ouverts à la mise en place d’un régime militaire dictatorial en Birmanie dans les années 60 et ont vu arriver au fil des décennies plusieurs vagues de réfugiés. Neuf camps ont été installés à l’intérieur de la Thaïlande, à quelques kilomètres de la frontière, de l’ouest au nord du pays, chacun pouvant accueillir en fonction des années jusqu’à 20 000 personnes ayant fui l’oppression militaire. Les populations les plus touchées et les plus démunies sont en général les nombreuses minorités ethniques qui peuplent la Birmanie. Les autorités thaï ont toléré l’installation des camps mais limitent très fortement les déplacements des réfugiés hors du camps et peuvent les sanctionner très durement lorsqu’ils en sortent. Certains réfugiés de cette région sont là depuis dix ans voire vingt ans. Ils bénéficient en général d’une éducation de base jusqu’au niveau lycée, grâce au soutien des ONG locales et internationales. Mais les adolescents et jeunes adultes se retrouvent souvent désœuvrés, sans perspective d’avenir, que ce soit un accès à l’université ou au monde professionnel.

Grâce à ce projet, Pierre souhaite former ces jeunes à un métier qu’ils pourraient exercer même à l’intérieur des camps et qui leur permettrait d’obtenir un revenu significatif. Apprendre à coder est une manière de se former à un métier. Le camp près duquel il enseigne est essentiellement peuplé des différentes ethnies provenant de l’État Karen et certains ont le droit de venir dans ce village afin de suivre des cours avec les volontaires et autres enseignants (ou du moins, les autorités ferment les yeux sur les allées et venues des étudiants).

Cette initiative s’inscrit également tout à fait dans la démarche et l’esprit de Toxicode : un projet pour permettre de rendre l’apprentissage du code accessible à une population défavorisée, une formation donnant des bases concrètes et un réel avenir professionnel, et un côté débrouille « on fait avec les moyens du bord mais on fait, et on fait bien » qui colle tout à fait avec notre façon de travailler et concevoir nos propres projets.

Que va-t-il se passer ?

Après quelques jours à Bangkok, Pierre a pris un avion jusqu’a Chiang Mai et un bus jusqu’a Mae Hong Son (à 350 km de là) pour arriver au village de Nai Soi, a 4 km de la frontière birmane.
L’ONG que nous avons sélectionnée est une école, la Karenni Community College (KnCC), qui propose l’équivalent d’une formation universitaire en 2 ans. Certains membres de leur équipe sont venus le récupérer sur place pour l’emmener au village où il vient de commencer ses cours. Il loge avec plusieurs volontaires dans les locaux d’un organe de presse karen (ktimes.org) qui propose de l’information quotidienne sur l’État Karen et plus généralement sur tout ce qui est relatif aux Karens. Il me fait régulièrement des retours sur son expérience, et semble pour l’instant ravi de l’enthousiasme débordant de ses étudiants.

Félicitons-le donc pour cette initiative humaine et souhaitons-lui donc bon courage !!!

Et la suite ?

Afin de partager avec vous la fin de cette aventure, je réaliserai une interview de Pierre qui sera postée sur notre blog à son retour en France.

Pour plus d’informations et pour apporter votre soutien à cette école (dons, volontariat),  laissez-nous un commentaire sous ce billet ou rendez-vous sur le site : http://kncccollege.blogspot.se

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Les mains dans le « Code Cambouis »

Les mains dans le « Code Cambouis »

Aujourd’hui, revenons sur une initative sympa, organisée tous les mois sur Paris, et qui permet aux codeurs expérimentés aussi bien que codeurs du dimanche de se retrouver tous ensemble autour d’un thème, l’apprentissage de la programmation, notamment par les enfants : les ateliers Code Cambouis.

Organisées depuis le mois d’avril dernier par Mikaël Couzic, « programmeur, formateur pour adulte et parent passionné par l’innovation pédagogique » et Julien Dorra, l’un des fondateurs des coding goûters qui font un carton un peu partout en France, les rencontres Code Cambouis sont l’occasion pour les participants de parler, d’échanger, d’expérimenter et même de jouer ensemble autour de ce thème.
De quoi s’agit-il ?
Je me suis rendue au dernier Code Cambouis, organisé le 30 juin dernier dans les locaux de la société SFEIR (chaque mois, un lieu différent) en compagnie de mes deux accolytes de Toxicode, Pierre et Julien. Au premier abord, ambiance décontractée, des gens discutent ça et là en petits groupes, on déplace ensemble les bureaux pour créer un espace suffisant, un peu à l’arrache, Julien Dorra et son comparse  présentent le déroulement de la soirée avec humour. Plutôt bon enfant et rassurant pour quelqu’un comme moi d’assez néophyte dans le domaine de la programmation. M
ais on sent aussi une réelle envie de communiquer et d’échanger et après les blagues, on est dans le coeur du sujet.
Le principe de cette rencontre Code Cambouis que nous expliquent nos deux organisteurs est assez simple :
deux rounds d’une heure environ chacun (ponctués par la pause pizzas fort appréciable). Durant chacun de ces rounds, tout participant peut appeler les autres à rejoindre son atelier ou groupe, s’inscrivant dans l’une des démarches suivantes:
  • Démonstrations d’outils  utilisés pour l’apprentissage du code, sous forme de mini ateliers pendant lesquels tous les participants peuvent améliorer du code, une ressource, etc. Ainsi, Pierre et Julien ont pu présenter deux de nos créations Toxicode, des jeux rigolos permettant d’apprendre à coder de façon ludique.  Julien Dorra a présenté deux de ses projets que j’ai particulièrement appréciés: une initiative de création artistique par les enfants grâce au code en partenariat avec le Centre Pompidou, et un projet de création artistique communautaire en ligne, là aussi utilisant le code.
  • Mini-sprint ressources: des petits groupes pour travailler à deux ou trois sur des ressources qui nous manquent, par exemple une ligne de code à compléter.
  • Création de formats: échange d’idées pour créer de nouveaux formats d’événements pédagogiques autour de l’apprentissage du code, par exemple comment créer un format d’apprentissage de la programmation accessible quelle que soit la langue parlée par l’utilisateur (question que j’ai posée concernant les réfugiés Birmans, suite à notre initiative de volontariat auprès d’eux en Thaïlande).
Comment ça se passe ?
Beaucoup de participants proposent de faire une démo ou d’expérimenter sur un outil ou sur un format d’apprentissage du code. Au début, je me suis dit que cela ferait trop d’ateliers. Mais finalement tout se déroule de manière assez naturelle : les participants naviguent d’un groupe à l’autre, en fonction du thème qui les intéresse. Certes, comme moi, certains sont frustrés de n’avoir pas pu tout voir ou tout expérimenter. Mais ce n’est que partie remise : en attendant la prochaine session, on discute pendant les collations, on échange conseils et adresses mail pour rester en contact et poursuivre l’échange après la fin de la rencontre.
Verdict ?
Comme l’a écrit un des participants sur le site Meetup :
Ca fait du bien de voir une communauté se monter, des liens se créer…
et j’ajouterai, de voir émerger de ce groupe des initiatives et des démarches créatives et fraîches.
Cela a aussi été une expérience positive pour Toxicode, on a pu présenter nos projets publiquement pour la première fois et recueillir des retours concrets et intéressants.
Je recommande donc sans hésiter à toute personne s’intéressant de près ou de loin à l’apprentissage du code de participer à la prochaine! Code Cambouis, ça se passe tous les derniers lundis du mois sur Paris (lieu à retrouver sur le site), c’est gratuit et ouvert à tous. Information et inscription :